L’Europe vit en paix pour la première fois depuis plus de
2000 ans. Robert Schuman, l’initiateur de la Communauté européenne
supranationale, la décrivit comme une expérience scientifique, basée sur les
principes de la civilisation chrétienne : la justice, le droit, la
solidarité, ce qu’on appelle aujourd’hui la démocratie.
La paix mondiale fut prévue dans sa Proposition pour
l’Europe : ‘La paix mondiale ne saurait être sauvegardée sans des efforts
créateurs à la mesure des dangers qui la menacent.’ Il écrit également plus
tard que les mêmes principes devraient être employés plus largement :
Pour l’Europe, ce n’était pas la solution fédérale. C’est
la solution supranationale.
‘Sur ces soubassements anciens, il faut édifier un étage
nouveau : le supranational reposera sur des assise nationales. Il n’y aura
ainsi aucun reniement d’un passé glorieux, mais un épanouissement nouveau des
énergies nationales, par leur mise en commun au service de la communauté
supranationale,’ écrit-il.
‘Il ne s’agit pas de fusionner des États, de créer un
super-État. Nos États européens sont une réalité historique ; il serait
psychologiquement impossible de les faire disparaître. Leur diversité est même
très heureuse, et nous ne voulons ni les niveler ni les égaliser.
‘Mais il faut une union, une cohésion, une coordination…
Au point de vue politique, l’entente durable, organique, instituée entre les
différents pays, doit permettre de pacifier cette Europe divisée. Il n’y a rien
de tel que la coopération et la prospérité que nous espérons atteindre, pour
établir l’entente entre les pays voisins… L’Europe doit, pour exister
réellement, être régie par le principe de l’égalité des droits et des devoirs
pour tous les pays ainsi associés.
‘La loi démocratique de la majorité, librement acceptée
dans les conditions et des modalités préalablement fixées, limitée aux
problèmes essentiels de l’intérêt commun, sera en définitive moins humiliante à
subir que les décisions imposées par le plus fort.
‘Cette Europe n’est dirigée contre personne ; elle
n’a aucun dessein d’agression, aucun caractère égoïste ou impérialiste, ni dans
son sein ni à l’égard d’autres pays. Elle reste accessible à qui voudra y
adhérer.’
Et puis il écrit :
‘Elle a comme raison d’être la solidarité et la
coopération internationales, une organisation rationnelle du monde
dont elle devra constituer une partie essentielle.’
Après la deuxième guerre mondiale, ces principes de
sagesse furent appliqués pour la première fois dans les six pays-fondateurs
européens. L’époque où nous vivons, après la fin de cette guerre mondiale, est
la plus longue période de paix dans toute l’histoire européenne depuis ses
débuts. Depuis plus de 2000 ans !
Cette expérience scientifique, est-elle reproductible
dans d’autres régions ? Pour le faire il faut bien comprendre les
événements, ce qu’a été fait et par qui, et comment on a instauré la paix.
Les caractéristiques de notre paix sont les
suivantes :
·
La Communauté : un
concept nouveau dans le langage politique contemporaine.
·
La
supranationalité : une idée juridique et démocratique qui reste toujours
mal comprise, même aujourd’hui.
·
Un système anti-cartel
du droit au niveau européen.
Ces éléments essentiels ont été bien définis par Robert
Schuman au début de la vingtième siècle. Élevé dans une famille ‘profondément chrétien’ où on lit la
Bible quotidiennement, il définit ses ‘intérêts’
avec une devise ‘faire le bien’ and
un cible : ‘une Communauté de
l’acier, du fer et du charbon’ pour mettre fin à la guerre. Après avoir
terminé ses études brillamment à l’âge de 17 ans à l’Athénée de Luxembourg, ce
fils de France fit une décision inouïe.
Il choisit d’entrer dans les universités allemandes. Pour
gagner son Abitur, certificat
d’entrée universitaire, au Gymnasium de Metz, il apprit en huit mois des
matières, comme le Grec classique, qu’on apprenait normalement en cinq
ans. Aux universités de Berlin, Bonn,
Munich et Strasbourg, il suivit des cours donnés par de grands experts en
droit, en commerce, en histoire économique et politique, et en philosophie.
Parmi eux, il y avait de grands nationalistes et aussi des pionniers qui ont
exploré les possibilités d’un monde qui pourrait ne pas être en guerre toutes
les générations.
À cette époque de l’essor économique et de la compétition
nationaliste européenne, des cartels internationaux contrôlaient les marchés.
Une collaboration secrète, ‘l’Internationale sanglante des armements’
profitait de grandissantes industries de guerre avant la première guerre
mondiale.
Un lauréat du Prix Nobel de la Paix écrit :
‘Ce qui est
frappant, c’est de voir se grouper, se fusionner, en vastes combinaisons
internationales, les établissements dont la prospérité est due à l’opposition
des sentiments nationalistes des divers pays. L’ouvrage de M. Lehmann-Russbüldt
contient à cet égard de précieux renseignements, malgré le soin que prennent
les intéressés de cacher les ententes concertées entre eux.
‘On peut constater que
les industries du fer et de l’acier, du cuivre et du nickel, du charbon, du
pétrole et des huiles, des produits chimiques (gaz, explosifs, poudres) et des
autres matières, outre les fabriques d’armes proprement dites, forment de
vastes réseaux qui enserrent la terre tout entière.’
Henri La Fontaine, (Prix Nobel 1913) préface du livre L’Internationale Sanglante des Armements par
Lehmann-Russbüldt.
Les Prix Nobel furent discernés à plusieurs grands
Européens qui ont dévoilé les opérations de ces cartels d’armements et proposé
des éléments de la solution.
*
Le livre, ROBERT SCHUMAN, JALONNEUR de la Paix mondiale, va démontrer deux choses. Avant la première
guerre mondiale, Robert Schuman a bien compris comment construire la paix à la
base de droit supranational, une communauté des intérêts, et un système
démocratique et anti-cartel. Deuxièmement, c’était Schuman, et non pas Jean
Monnet, qui a préparé et introduit la proposition Schuman, devenue la fondation
de notre Communauté européenne.
Le récit de Paul Reuter et les documents diplomatiques de
l’époque prouvent que Jean Monnet était impliqué dans la rédaction de la
Déclaration Schuman mais il n’était pas l’initiateur de la paix européenne
après la deuxième guerre mondiale. C’est Schuman qui posa les jalons :
La mise en œuvre de la paix fut l’œuvre de Robert
Schuman, par-dessus tout, posant les jalons pour la paix.